Présence du parasite dans les villes du Québec
Dans les 5 dernières années, l’Association des médecins vétérinaires du Québec a recueilli les données des vétérinaires en pratique des petits animaux concernant les cas de chiens positifs au parasite causant la maladie du ver du cœur. Cette compilation, sur base volontaire des vétérinaires (donc certainement sous-estimée), révèle que des cas positifs ont été rapportés dans 74 municipalités. Parmi celles-ci figurent des villes où résident nos patients : L’Île-Perrot, Notre-Dame -de-L’Île-Perrot, Vaudreuil-Dorion, Beaconsfield, St-Lazare, Kirkland, Les Coteaux, pour n’en nommer que quelques-unes. Considérant que les tests de dépistage sont effectués sur les chiens qui ont le privilège d’avoir accès à des soins vétérinaires et considérant tous les chiens du territoire québécois qui ne reçoivent ni prévention et ni dépistage du ver du cœur, il est logique de croire que la présence du parasite est certainement plus grande que le révèle cette étude. Aussi, les coyotes et les renards sont très présents à proximité de nos résidences depuis quelques années. Selon une étude réalisée par Dre Fortier en 1993, déjà 10% des coyotes de la Montérégie étaient porteurs du ver du cœur. La présence des coyotes sur notre territoire a connu une montée incroyable depuis cette étude, ce qui n’est pas rassurant pour la présence du parasite. Le Bouledogue Français de Dr Gagnon et Dre Lebeau (Hôpital vétérinaire de L’Île-Perrot) a d’ailleurs été attaqué par une meute de coyotes cet hiver dans le boisé derrière chez eux.
Transmission du ver du cœur aux animaux et signes de la maladie
Le vers du cœur est un parasite connu au Québec depuis plus de 3 décennies. Les premiers cas furent diagnostiqués à Hudson et St-Lazare en 1984. Il s’agit d’un vers rond nommé Dirofilaria Immitis, transmis d’un chien domestique ou d’un canidé sauvage (coyote, renard, loup) à un autre, via le maringouin. Le moustique aspire les larves (microfilaires) en piquant un animal infesté puis les transporte vers un autre animal (chien/coyote/renard/loup/chat/furet) pour lui injecter en le piquant à son tour. Pour que les larves aspirées par le maringouin puissent causer l’infection chez un autre animal, elles doivent avoir maturé plusieurs jours dans le moustique sous des températures suffisamment élevées; la durée de cette maturation dépend de la température. Si l’animal receveur est sous prévention mensuelle en saison à risque (juin à novembre au Québec), ce dernier sera protégé et ne développera pas d’infection. Si l’animal piqué par un maringouin chargé de microfilaires ne reçoit aucune prévention contre les vers du cœur, les microfilaires se développeront pour former des vers adultes qui se logeront dans les artères des poumons et le cœur. La charge parasitaire, c’est-à-dire le nombre de vers présents, en regard de la taille du chien infesté détermineront si le chien développera ou non des symptômes. S’il n’y a que quelques vers, il pourrait n’y avoir aucun signe clinique. Le chien sert alors de réservoir pour le parasite et dissémine silencieusement le parasite aux chiens, canidés sauvages et chats du voisinage et des municipalités adjacentes. Il ne faut pas négliger qu’un maringouin peut parcourir une très grande distance entre deux repas sur un animal.
Lorsque le nombre de vers adultes est trop élevé, l’animal infesté présentera alors graduellement des symptômes. Ceux-ci seront des signes respiratoires et/ou de malaise généraux (essoufflement, toux, fatigue, halètement, abattement, intolérance à l’exercice …).
Test de dépistage du ver du cœur chez le chien
Chaque année au printemps, les vétérinaires informent leurs clients propriétaires de chiens de l’importance d’effectuer le test de dépistage sanguin du ver du cœur. Par cette analyse, nous vérifions la présence du ver du cœur adulte chez nos patients canins. Il s’agit d’un dépistage qui vérifie s’il y a eu transmission du parasite au cours de la saison estivale précédente ou avant. Il faut environ 6 mois après la piqure de moustique contaminé pour pouvoir détecter le parasite chez le chien. Selon les recommandations de l’American Heartworm Society, un dépistage de Dirofilaria Immitis en début d’infection garantit un meilleur succès thérapeutique, d’où l’importance de tester régulièrement, idéalement annuellement, tous les chiens exposés aux moustiques.
Le dépistage du ver du cœur est plus compliqué chez les chats et les furets. Chez eux, le diagnostic requiert souvent une combinaison de tests dont des radiographies et une échographie thoraciques. Il s’agit d’hôtes atypiques et, bien que la plupart des microfilaires ne se rendent pas au stade adulte, le patient peut devenir gravement malade du ver du cœur ou même décéder subitement sans présenter aucun signe clinique préalable. Contrairement au chien, il n’existe aucun traitement homologué pour traiter le ver du cœur adulte chez les chats et les furets. Il existe cependant plusieurs médications préventives pour le ver du cœur chez les chats et une seule médication préventive topique homologuée pour les furets.
Prévention du ver du cœur et des vers intestinaux
Chez toutes les espèces, la prévention du ver du cœur est vraiment plus simple et moins couteuse que le traitement du patient déjà infesté par le parasite.
La prévention mensuelle administrée par voie orale ou topique de juin à novembre joue un rôle essentiel dans la protection des chiens contre la maladie du ver du cœur. Diminuer l’exposition aux piqures de maringoins diminue aussi le risque d’infection. Pour l’animal qui voyage dans des pays chauds durant l’hiver, un protocole de prévention rigoureux supervisé par un vétérinaire est de mise.
En protégeant votre compagnon contre le ver du cœur, vous lui fournissez également un excellent traitement mensuel contre les vers intestinaux. En effet, les médications préventives utilisées à L’Hôpital Vétérinaire de L’Île-Perrot contre le ver du cœur sont également d’excellents vermifuges contre les vers ronds intestinaux (ascaris, vers à fouet et vers à crochet). Il n’y a pas que les chiots qui peuvent contracter des parasites intestinaux mais aussi les chiens et chats adultes en allant jouer dehors dans la cour, au parc ou en forêt. Le simple fait de circuler dans un environnement contaminé d’œufs de parasites puis de lécher ses pattes est suffisant pour contracter ces parasites (le léchage des pattes fait partie du toilettage normal des chiens et des chats) mais aussi l’ingestion de selles parasitée par certains chiens qui mangent tout ce qu’ils trouvent sur leur passage.
Risques de transmission parasitaire à l’humain
De très rares cas de vers du cœur chez l’humain ont été signalés. Les humains sont des hôtes accidentels et le nématode Dirofilaria Immitis n’étant pas fait pour vivre chez l’Homme meurt une fois dans les vaisseaux pulmonaires de l’humain. Le parasite mort cause une embolie qui devient éventuellement un ou plusieurs nodules pulmonaires. Le diagnostic est généralement une trouvaille lors de tests d’imagerie thoracique pour une autre condition. Les humains sont généralement asymptomatiques avec ce parasite qui décède immédiatement mais la trouvaille étant confondue avec une tumeur pulmonaire les entraine dans un lourd processus de biopsies pulmonaires qui révèle finalement un granulome nécrotique compatible avec le parasite du ver du cœur.
Quant aux vers intestinaux de nos animaux, les enfants et les personnes immunosupprimés sont les plus à risque. La transmission se fait par voie féco-orale (ingestion accidentelle de selles contaminée). La meilleure prévention demeure la prévention mensuelle des parasites chez nos animaux de compagnie qui vont à l’extérieur et chez tous les chiots et chatons. Aussi, de bonne mesures d’hygiène comme le lavage des mains après avoir manipulé les animaux ou leurs déchets et une bonne gestion des déchets des chiens et chats (ramassage immédiat des selles à l’extérieur et nettoyage quotidien des litières de chats). Une analyse parasitologique des selles de vos chiens et chats par le vétérinaire au moins une fois par année et lors des situations de diarrhée est également essentielle.
Lien
Man’s best friend: How humans can develop Dirofilaria immitis infections (2016/3/24)