Est-ce que votre vieux minou semble avoir fait une cure de rajeunissement dernièrement ? Semble-il plus actif malgré son âge avancé?  A t’il un appétit vorace malgré une perte de poids? Alors il pourrait bien être atteint d’une maladie appelée hyperthyroïdie.

Ce qui se passe normalement

La glande thyroïde est une glande localisée dans le cou, dans la région de la trachée. Elle est constituée de 2 lobes.  Cette glande est responsable de sécréter des hormones qui interviennent dans le métabolisme de base, la production d’énergie  et dans la régulation de la température du corps. Ces hormones ont un impact direct sur tous les organes du corps.

Ce qui se passe chez un patient hyperthyroïdien

L’hyperthyroïdie est  une maladie hormonale causée un excès de production d’hormones thyroïdiennes par  des glandes thyroïdes anormales.

Il s’agit d’une condition chronique et  insidieuse affectant  typiquement les chats âgés  (10 ans et plus) mais pouvant quand même atteindre  des patients plus jeunes.

Et la cause?

Dans la majorité des cas  (environ 80%), la condition est causée par un processus appelé hyperplasie adénomateuse qui affecte les deux lobes .  En gros, il y a alors une augmentation de la taille de la glande qui entraîne une production excessive d’hormones thyroïdiennes. La raison pour laquelle certains chats développent  ce problème demeure encore un mystère. Une combinaison  de facteurs génétiques, environnementaux et nutritionnels pourrait être en cause.

Dans environ 15% des cas, la maladie sera causée par l’apparition d’un adénome -une tumeur bénigne, non-cancéreuse -au sein d’un des lobes. Cet adénome produira également une quantité excessive d’hormones thyroïdiennes.

Et finalement, environ seulement 2- 3 % des cas d’hyperthyroïdie seront  associés  à une tumeur  maligne (cancéreuse) produisant trop d’hormones.

Symptômes

Le fait que la maladie soit progressive explique qu’un animal atteint pourrait ne présenter que quelques-uns de ces symptômes au départ

  • Perte de poids
  • Hyperactivité, agitation,
  • Changements de comportement, anxiété, nervosité, agressivité, vocalisation excessive
  • Augmentation de l’appétit ou parfois perte d’appétit en stage avancé de la maladie
  • Augmentation de la soif
  • Augmentation de la quantité d’urine produite
  • Vomissements
  • Diarrhée/selles molles
  • Mauvais pelage
  • Nodule dans le cou
  • Augmentation de la fréquence cardiaque, présence d’un souffle cardiaque, arythmies cardiaques , hypertension artérielle
  • Perte de vision, hémorragies dans l’œil, cécité

Éventuellement, si la maladie n’est pas traitée, elle causera directement ou indirectement l’apparition de défaillance cardiaque, d’insuffisance rénale, de cécité, de troubles neurologiques, de déshydratation sévère  et éventuellement mènera au décès.

Diagnostic

La première étape afin d’établir un diagnostic d’hyperthyroïdie est de consulter un vétérinaire. L’obtention de l’historique des symptômes et  la présence d’anomalies suggestives  à l’examen physique  -par exemple une augmentation de la taille de la thyroïde-  le mettront sur la piste et seront une indication à pousser le diagnostique.

Le diagnostic définitif est obtenu grâce à un test sanguin mesurant le taux d’hormone thyroïdienne  dans le sang (thyroxine ou T4). Comme les chats suspects d’hyperthyroïdie sont pour la plupart des chats âgés, ils font partie d’un groupe à risque de présenter d’autres problèmes de santé en plus de l’hyperthyroïdie. C’est pourquoi le vétérinaire recommandera habituellement, en plus de la mesure de la T4, un bilan sanguin complet de même qu’une analyse d’urine.

Dans la plupart des cas, ces investigations  fournissent un diagnostic clair d’hyperthyroïdie et nous renseigneront sur ses conséquences ou sur la présence de maladies concomitantes.

Certains rares cas demandent un suivi, des tests de contrôle, une échographie ou une  scintigraphie ou pour bien identifier la maladie.

Traitement

Il existe 4 formes de traitement qui seront survolées ci-dessous. Chaque option thérapeutique comporte des avantages et des inconvénients. Nos vétérinaires vous guideront vers la meilleure option selon votre situation personnelle et l’état de santé de votre compagnon.

Traitement alimentaire  avec la nourriture Prescription diet y/d de Hill’s (nourriture sèche ou en conserves): La production d’hormones thyroïdiennes est dépendante de la présence d’iode dans l’organisme des animaux. Sans iode, ces hormones ne peuvent être produites. La compagnie Hill’s a donc formulé une nourriture carencée en iode afin que les chats hyperthyroïdiens qui en sont nourris ne puissent produire plus d’hormones thyroïdienne qu’un chat sain. Il s’agit de l’option la plus économique et sécuritaire, car aucun effet secondaire n’y est associé.

Pour être efficace, ce régime doit être rigoureusement respecté. Aucune gâterie, supplément, autre nourriture pour chat ou chien ni  nourriture de table ne doit être ingéré car l’iode qu’ils contiennent permettrait aux glandes thyroïdes malades de recommencer à produire un excès d’hormones. Ainsi, cette option n’est recommandée que pour les chats d’intérieur car ceux qui vont dehors mangeront invariablement autre chose que la nourriture prescrite.

Traitement par médication orale:   Le méthimazole est une médication anti-thyroïdienne orale commercialisée au Canada sous la marque de commerce Tapazole. Cette molécule bloque  la synthèse des hormones thyroïdiennes par la glande.  Elle doit être administrée quotidiennement, matin et soir durant toute la vie du patient. Le dosage sera réajusté au besoin grâce aux suivis sanguins du taux de T4.

Les effets secondaires les plus communément rapportés -chez 10% des patients environ- incluent les vomissements, la perte d’appétit et la léthargie.  Ces effets indésirables sont généralement légers et transitoires.

D’autres effets adverses, plus graves mais plus rares nécessitent l’arrêt de la prise de la médication. Ces effets sont généralement réversibles à l’arrêt de la prise. Parmi ces réactions indésirables, mentionnons l’apparition de démangeaisons et d’excoriations de la tête et du cou (2.3%),  le syndrome hémorragique (2.3%) , la jaunisse liée à un problème de foie (1.5%), les troubles hématologiques (entre 1.5 et 2.7%) et la fièvre. Si ces effets surviennent, il faut envisager un traitement médical alternatif.

Traitement à l’iode radio-actif : Ce traitement guérit la maladie dans la grande majorité des cas. Il consiste en l’administration d’iode radioactif qui détruira le tissu thyroïdien malade mais épargnera le tissu sain. Il s’effectue seulement dans quelques centres de référence possédant les infrastructures leur permettant d’obtenir les certifications requises pour l’usage de matériel radioactif. Ce traitement requiert une hospitalisation  d’environ 7-10 jours, ce qui représente le temps requis pour que le patient traité ne représente plus de risque de radioactivité pour les humains avec qui il vit.

Traitement chirurgical : Ce traitement sera indiqué chez les patients présentant une tumeur cancéreuse au niveau de la glande thyroïde. Pour les autres formes de la maladie, le traitement chirurgical est une option de moins en moins pratiquée depuis la venue du traitement à l’iode radioactif, à la fois sécuritaire et moins invasif.

Le patient doit être en condition de subir une anesthésie générale. Certaines complications peuvent survenir si d’autres tissus  à proximité des thyroïdes sont endommagés lors de l’intervention.

Suivis médicaux et sanguins

Il est à noter que les deux premières options, soit la gestion alimentaire et le traitement  avec la médication (methimazole),  ne « guérissent » pas la maladie. Elles permettent de contrôler  le taux des hormones thyroïdiennes, ce qui mène à la résolution des symptômes. Le glandes demeurent cependant malades et reprendront leur production excessive si  ces modalités de traitement étaient discontinuées. Il faut quelques semaines avant de noter une réponse au traitement qui se manifestera par la résolution des symptômes. On recommande donc une première analyse sanguine de la T4 environ 3-4 semaines suivant le début de la thérapie.

De plus, avec le temps, les glandes malades continueront habituellement de croître. Ce qui signifie, dans le cas du traitement avec le methimazole, qu’il pourrait être nécessaire d’augmenter le dosage de la médication à mesure que le temps passe. Il est donc nécessaire d’effectuer des contrôles sanguins de la T4  aux 3-6 mois et les ajustements requis du dosage de la médication.

Dans le cas de la thérapie alimentaire, les contrôles sanguins permettrons de s’assurer de l’efficacité de la diète. Un taux d’hormone mal contrôlé indique habituellement que le patient a accès à une source alimentaire autre que la nourriture y/d, et ce même en infime quantité.

Chez certains patients, des suivis particuliers pourraient être requis –tension artérielle, tests sanguins de la fonction rénale, tests sanguins pour vérifier la présence d’effets adverse à la médication par exemple. Le vétérinaire fera ces recommandations à la lecture des informations cliniques et de laboratoires obtenues en cours de route.

Pronostic et qualité de vie

Parmi les maladies fréquentes des chats seniors–insuffisance rénale, diabète, cancers-, l’hyperthyroïdie est définitivement la « moins pire » que votre vieux compagnon pourrait développer.

Grâce aux traitements, ces patients retrouvent une belle qualité de vie. Le pronostic à court terme est bon à excellent. Cependant, puisqu’il s’agit habituellement de patients âgés présentant parfois d’autres problèmes de santé, il est vrai le pronostic à long terme est réservé. La moyenne de survie suivant le diagnostic est d’environ deux ans; pas tant à cause de la thyroïde que de l’âge moyen de ces patients au moment du diagnostique.